Léon Philippet

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Léon Philippet
Portrait du peintre à l'âge de dix-huit ans, 1861 (Huile sur toile ; 50 × 40,5 cm), Liège, La Boverie.
Biographie
Naissance
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LiègeVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 63 ans)
Région métropolitaine de BruxellesVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Jean Léon Modeste PhilippetVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Belge Drapeau de la Belgique
Formation
Activités
Peintre, dessinateurVoir et modifier les données sur Wikidata
Père
Jean Gérard Joseph Philippet
Mère
Catherine Gertrude Derichs
Conjoint
Michelina Gismondi
Autres informations
Mouvements
Réalisme, impressionnismeVoir et modifier les données sur Wikidata
Maîtres
Prosper Drion, Charles Soubre, Auguste Chauvin, Jean-Mathieu NisenVoir et modifier les données sur Wikidata
Distinction
Œuvres principales
  • La Canzonetta (1870)
  • Michelina Gismondi (1876)
  • L’assassiné (1876)
  • Carnaval à Rome (1885)
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    Léon Philippet, né le à Liège et mort le à Bruxelles, est un peintre belge, qui réside à Rome de 1868 à 1887. Tenant du réalisme, précurseur de l'impressionnisme, il contribue de façon significative à la modernisation de la peinture liégeoise dans le dernier quart du XIXe siècle.

    Biographie

    Jeunesse et formation (1843-1867)

    Jean Léon Modeste Philippet[1],[2], fils de Jean Gérard Joseph Philippet, commis négociant[2], et de Catherine Gertrude Derichs[3], est né à Liège le 14 juin 1843[2],[3],[4]. Il étudie à l'Institut Saint-Paul puis au Collège des Jésuites de Liège[2].

    Il s'inscrit à l'Académie des beaux-arts de Liège fin 1856[2], y suivant jusqu'en 1859 des cours pratiques[2] (ou cours du soir[5],[6]) où il se forme surtout aux principes de base du dessin chez François Van Roy (1812-1876) et Lambert Herman (1802-1870)[2]. Il doit interrompre ses études de 1859 à 1862 car son père le destine au commerce[5],[6] et « est fermement opposé à son désir de se lancer dans une carrière artistique »[7]. Il travaille donc durant trois ans comme commis aux écritures chez un marchand de vins[2],[5],[6] (Brahy ou Dessauvage[2]).

    Portrait du père de l'artiste, 1873 (huile sur toile ; 58,5 × 44,5 cm ; photographie de 1955 du KIK-IRPA), Liège, musée de l'Art wallon.

    C'est l'insistance réitérée auprès de ses parents d'Auguste Chauvin, professeur et directeur de l'Académie, qui permet de « l'arracher à sa carrière d'employé »[8]. Il peut donc s'inscrire à temps plein comme élève de l'Académie en 1862, où il va étudier jusqu'en 1867, suivant, entre autres, les cours d'Auguste Chauvin, Prosper Drion, Jean-Mathieu Nisen et Charles Soubre[5],[6],[9],[10]. Dans son rapport du semestre d'hiver 1865, Chauvin note que Philippet est « non seulement le mieux doué de sa classe, mais le talent le plus complet que j'ai eu depuis que je donne le cours »[8], reflétant ainsi la satisfaction que produit le travail du jeune artiste chez ses professeurs[8].

    La même année, Philippet se présente au prix de Rome belge, mais ne parvient pas dépasser le stade du concours préparatoire[8]. En 1866, il obtient une bourse de mille francs concédée par la conseil communal de la ville de Liège, qui lui permet de se rendre à Paris, où il va résider aux environs d'un an[5],[6]. Il y étudie à l'atelier du peintre William Bouguereau [5],[6],[9],[10] et entre en contact avec l'école de Barbizon et le peintre Jean-François Millet[5],[6]. De retour à Liège, il reprend les cours du semestre d'hiver 1866-1867 à l'Académie, y suivant les cours de dessin d'après nature, de peinture et de composition historique auprès d'Auguste Chauvin, et d'anatomie appliquée aux arts chez Jules Ansiaux[11]. Il achève sa formation à l'Académie, muni des prix d'expression, de nature et de peinture, en 1867[12]. La même année, il se représente au prix de Rome belge, mais, comme en 1865, il ne parvient pas dépasser le stade du concours préparatoire[13].

    David Bronze mentionne plusieurs peintures de jeunesse de l'artiste, comme La misère (1865), Pauvre Jean-Pierre ! (1865) et Parlez au concierge (1867), qui « réalisées dans un milieu extrêmement conservateur, témoignent de la volonté d'indépendance du jeune Philippet qui n'emprunte pas la voie que lui enseignent ses maîtres »[14]. Il remarque également que ces toiles comptent « parmi les premières manifestations du réalisme social à Liège »[14].

    Le séjour en Italie (1867-1887)

    En mai 1867[13], Léon Philippet obtient la bourse de la fondation Lambert Darchis pour voyager en Italie, et bien que celle-ci ne lui est concédée que jusqu'en 1872, il reste à Rome pendant près de vingt ans, jusqu'en 1887[5],[6],[9],[10].

    Dessin satirique (tête de vieille femme), 1870 (dessin ; 18 × 12 cm ; photographie de 1991 de Jacques Declercq du KIK-IRPA), Seraing, administration communale.

    Suite à la demande effectuée à la fondation Lambert Darchis par le père de Philippet dans une lettre du 10 avril 1867, la bourse lui est concédée le 15 mai 1867 pour une durée de 5 ans[15],[16]. Il retarde néanmoins son départ pour l'Italie, qui n'a finalement lieu qu'en octobre 1868[15]. Durant ce laps de temps, l'artiste réalise un dessin humoristique pour la revue estudiantine Le Parterre[13],[17] et effectue 11 caricatures pour L'Almanach des étudiants de Liège[13],[18]. « On y perçoit déjà la marque de l'esprit primesautier de l'artiste[17]. »

    Vie à Rome, voyages et rencontre de Michelina Gismondi

    Portrait en buste de Léon Mignon, 1872 (huile sur toile ; 52,5 × 42,5 cm ; photographie de 1944 du KIK-IRPA), Liège, musée de l'Art wallon.

    Une fois arrivé à Rome, le peintre s'installe dans un des ateliers du peintre néerlandais Johan Hendrik Koelman (1820-1887), établi au numéro 56 de la via dell'Olmata[19]. Cet atelier a été occupé en 1835-1837 par le peintre Antoine Wiertz, que Léon Philippet admire profondément[19]. Durant ces premières années passées à Rome en tant que boursier de la fondation Lambert Darchis, il se lie d'amitiés avec d'autres artistes belges qui résident également à Rome ou y sont de passage tels que le peintre Xavier Mellery, les sculpteurs Charles Brunin, Léon Mignon et Paul De Vigne, ou encore le musicien Franz Servais[20]. Ils forment « une véritable colonie artistique belge » à Rome[21].

    L'artiste effectue de nombreuses excursions dans le reste de l'Italie durant son séjour romain. En 1872, il se rend avec Paul De Vigne dans les Apennins[22] mais aussi à Naples et Pompéi, où il est accompagné de Gaston Marchant et de plusieurs pensionnaires de l'Académie de France[23]. Il visite aussi la vallée de l'Aniene, entre autres Tivoli et Castel Madama, le port d'Ostie, Saracinesco, Venise et Pérouse[23]. Hormis ces excursions en Italie, plusieurs retours en Belgique[6],[24], un voyage réalisé en 1869 aux Pays-Bas, où il passe par Amsterdam, La Haye et Rotterdam[21], et un déplacement à Londres (vers 1885-1887)[25] sont également documentés.

    Portrait d'une femme italienne, probablement l'épouse de l'artiste Michelina Gismondi
    La romaine, 1876 (huile sur toile ; 90 × 67 cm ; photographie du KIK-IRPA), Liège, musée de l'Art wallon[26].

    À Rome, Philippet rencontre et fonde une famille avec Michelina Gismondi[15], qui lui sert de modèle pour plusieurs toiles, dont probablement le portrait La romaine réalisé en 1876 et surtout le portrait Michelina Gismondi de la même année, son chef-d’œuvre dans le genre artistique du portrait[27],[28], qui est conservé à La Boverie[29]. Gaëtane Warzée indique qu'« elle était originaire du village de Castel Madama, dans le Latium dont la population en mal d'argent venait se proposer comme modèle aux nombreux artistes établis dans la Ville Éternelle »[27]. Ils ont plusieurs enfants : Mathilde Maria en 1873, Giovanna en 1876, et enfin Léon et Léonilde en 1882[30].

    En 1876, il se met en contact avec son ami Adrien de Witte pour le prévenir qu'une pension de la fondation Darchis va bientôt se libérer[30]. Ce dernier obtient finalement la bourse en question début 1879 et dès le mois de février de la même année s'installe à Rome, avec l'aide de Philippet, dans l'atelier de la via dell'Olmata[31],[27]. De Witte reste dans l'atelier jusqu'en 1881[31] et réside à Rome jusqu'en septembre 1884. De Witte et Philippet « flânent fréquemment dans la ville »[31] accompagnés du sculpteur Joseph Pollard et de l'écrivain Henri Simon[31].

    Les « scènes romaines »

    Musiciens (Rome), 1874 (Huile sur toile ; 63 × 41 cm), collection privée[32].

    Au contact avec l'Italie, le peintre délaisse « les musées et l'étude des antiques pour se tourner presque uniquement vers la représentation de la réalité populaire »[19], devenant ainsi « le témoin de la vie citadine au quotidien »[33]. Il y peint donc surtout ce que divers critiques qualifient de « scènes romaines »[5],[6],[10]. Jules Bosmant résume les sujets habituels qui y sont traités, indiquant que l'artiste représente « toute la vie romaine d'il y a cinquante ans, avec ses bandits sympathiques, ses moines effrontés, ses adolescents violents, ses filles superbes, ses vieilles à la fois nobles et canailles, ses fêtes débridées, sa dévotion brutale, sa passion du jeu, son goût du plein air, ses gestes rudes et ses attitudes théâtrales [...][34]. »

    David Bronze note que les tableaux italiens de Philippet constituent plus d'un tiers de son œuvre peint[35], et que, dans ceux-ci, l'artiste « va même jusqu'à renforcer le caractère pittoresque de certaines scènes, en conférant aux protagonistes une gestuelle théâtrale qui [...] donne l'impression que les épisodes qu'il dépeint sont issus d'opéras-comiques »[36]. Comme aucune œuvre de Philippet n'est présente dans les collections publiques italiennes, il déduit que la clientèle de l'artiste est principalement belge et trouve dans les toiles de l'artiste « un moyen d'échapper à son quotidien »[36]. Dans ce contexte, « les scènes de genre italiennes de Philippet peuvent être ainsi comparées aux réalisations des orientalistes, qui offraient également aux voyageurs imaginaires la possibilité d'une escapade culturelle »[36].

    Les « Ateliers belges »

    Le Tibre à Rome, 1878 (huile sur toile ; 64 × 98,5 cm ; photographie de 2001 de Jacques Declercq du KIK-IRPA), Liège, musée de l'Art wallon.

    Divers auteurs pointent qu'en 1877, il crée les « Ateliers belges » (future Académie belge de Rome, équivalent belge de l'Académie de France à Rome) qu'il va diriger jusqu'en 1884[5],[6],[9],[10],[27]. David Bronze nuance néanmoins cette affirmation, indiquant que la première académie belge de Rome (Academia Belgica) ne se fonde qu'en mai 1939 et que les précédentes tentatives de création d'une telle institution ont toutes échouées[37].

    Il estime que les « Ateliers belges » mentionnés par les autres auteurs font probablement référence à une demande faite à la classe des Beaux-Arts par le peintre Jean-François Portaels en qui consiste à créer une institution permanente à Rome afin d'accueillir les artistes belges[37]. Cette demande s'appuie sur une pétition de signée par divers artistes belges ayant résidé ou résidant à Rome, comme Léon Philippet, Gaston Marchant, Xavier Mellery, Charles Brunin, Félix Nisen ou Eugène Dieltens[38]. Bien que l'initiative soit reçue favorablement, l'arrêté royal la consacrant ne paraît qu'en 1880 et les « Ateliers du gouvernement » qui en résultent semblent n'être fonctionnels qu'à partir de 1884 et perdurent jusqu'en 1900[39].

    Retour en Belgique et dernière années (1887-1906)

    Léon Philippet (à droite) travaillant dans son atelier de Liège, vers 1890 (Tirage photographique noir et blanc ; 13 × 18 cm), Liège, Musée de la Vie wallonne.

    Il rentre à Liège en 1887[29], dans des circonstances qui laissent penser à un départ précipité de Rome[40]. En effet, il abandonne son fonds d'atelier[40], qui n'est ordonné et renvoyé en Belgique par Alexandre Marcette (1853-1929) que bien plus tard[40], et il rentre en Belgique uniquement accompagné de son fils Léon[29]. En 2016, Gaëtane Warzée s'interroge toujours : « Michelina et le reste de la famille ont-ils péri dans une de ces terribles épidémies qui ravagent encore l'Italie à cette époque ? Le mystère reste entier[29]. » Déjà en 2003, David Bronze n'était pas parvenu à répondre à cette même question[40].

    Portrait de Frère-Orban, non daté (huile sur toile ; 135 × 90,5 cm ; photographie de 2001 de Jacques Declercq du KIK-IRPA), Liège, musée de l'Art wallon.

    Son ami et mécène Henri Orban lui installe un atelier au Mont Saint-Martin à Liège[6],[40]. Il réside également chez son ami Hubert Bellis à Schaerbeek[40]. Il centre son œuvre davantage vers la réalisation de portraits et de paysages du littoral belge, des Ardennes, et des environs de Liège et de Bruxelles[6],[9],[41]. Selon David Bronze, Philippet produit durant cette période des œuvres de qualité fort variable[42], et cela est provoqué, selon Y. Dumont, par un excès d'alcool[42],[43] ou, selon Charles Delchevalerie, par une privation de lumière[42],[44].

    En 1897, il présente sa candidature pour remplacer, en tant que professeur de peinture à l'Académie royale des beaux-arts de LIège, Émile Delperée qui est décédé l'année précédente[42]. C'est finalement Évariste Carpentier qui est retenu pour le poste[42]. Vu que la nomination se fait à huis-clos, les raisons pour lesquelles les jurés ont préféré Carpentier à Philippet ne sont pas connues, mais David Bronze émet l'hypothèse que l'alcoolisme dont souffre Léon Philippet à l'époque puisse avoir joué un rôle dans la décision finale[42].

    Durant cette période, l'artiste expose habituellement aux Cercle royal des Beaux-Arts de Liège[5],[6] et participe à divers salons artistiques en Belgique, dont Anvers, Bruxelles, Gand et Mons[42]. En 1891, le Cercle artistique et littéraire de Bruxelles organise une exposition monographique qui lui est dédiée et où sont exposées 73 de ses œuvres[45].

    Il décède à Bruxelles, au domicile de son fils Léon[45], le 2 novembre 1906[4].

    Œuvre

    Style et techniques artistiques

    Bien qu'il soit aussi dessinateur, Léon Philippet est surtout un peintre de scènes de genre, de portraits et de paysages[6],[9],[41],[46].

    Philippet est un réaliste,[6],[9],[47],[48] influencé par Carolus-Duran et Gustave Courbet[47],[48],[49],[50], dont les « œuvres, peintes avec fougue et saisissant le vif du sujet, font preuve d'un sens aigu de l'observation [...] »[9]. Jacques Parrise le présente en ces termes :

    « Comme Courbet qui ne fut pas sans influence sur son art, Léon Philippet est enfin descendu dans la rue. C'est par lui que le réalisme a touché notre peinture, qu'en s'attachant à peindre la vie truculente, spumante, parfois dangereuse des quartiers populaires romains, il lui a rendu du nerf et fait perdre de cette mauvaise graisse qui lui donnait une allure vite essoufflée. Léon Philippet préfère la vie populaire à la vie des champs et aux ruines : il choisit la vie de ses contemporains, non des têtes célèbres, mais celle de la mère défendant le seuil de sa maison, celle des enfants à leur jeux, ou encore, scandaleux comme l'Olympia de Manet, le cadavre couché de L'assassiné[51]. »

    Osteria, banlieue de Rome, 1881 (huile sur toile ; 75 × 100 cm ; photographie de 1944 du KIK-IRPA), Liège, musée de l'Art wallon.

    Durant sa période romaine, surtout à partir de 1880, il commence à utiliser une palette de couleurs plus claires et développe une vision de la lumière qui en fait un précurseur de l'impressionnisme en Belgique[9],[46]. Jacques Goijen le décrit avec ces mots : « Il fut un peintre de plein air peignant des scènes et des types locaux. C'est aussi un amoureux de la rue et du peuple qui déferle dans les ruelles où pendent des linges bariolés et sur les places éclaboussées de soleil. C'est un impressionniste avant la lettre[17] ! »

    David Bronze ne partage pas cet avis, et considère que, même si l'artiste « va [...] jusqu'à réaliser des œuvres qui témoignent d'un intérêt manifeste pour le rendu des qualités atmosphériques et d'une attirance pour les jeux de la lumière sur les formes »[52], la lumière « n'en est jamais le sujet principal »[52] et donc Philippet « reste attaché à la matérialité des choses et doit tout simplement être considéré comme un réaliste sensible à la lumière »[52].

    Léon Philippet a également réalisé quelques planches satiriques, dont une série de 11 lithographies publiée en 1868 dans L'Almanach des étudiants de Liège et intitulée Physionomie de l'étudiant de première année[13],[18]. Il y dépeint « avec beaucoup de saveur les joyeuses étapes de la vie bohème d'une jeune bleu : le traditionnel baptême duquel il rentre complètement ivre, les "guindailles", les amourettes et, enfin, le cauchemar de la nuit précédant l'examen »[18].

    Peintures

    Fillette, 1877 (Huile sur toile ; 71 × 50 cm), Liège, La Boverie.

    Jules Bosmant voit en Philippet « un peintre étonnant autant qu'un observateur scrupuleux de la nature [...] dont on put tout de suite affirmer qu'il apportait un aspect nouveau de la lumière »[47]. Il poursuit, indiquant que ses œuvres, « fortes, claires, chaudes »[47], sont remplies d'une « fougue admirable »[34] et d'un « tempérament généreux »[34]. Il pointe également que « la technique est impeccable »[34] et qu'il faut voir « ces scènes violentes ou pittoresques, ces compositions assez savantes pour ne point le paraître, pour apprécier l'ardeur et l'élan de cette organisation nerveuse »[34]. Pour sa part, Emmanuelle Sikivie résume la peinture de Philippet par ces mots : « [...] les couleurs rayonnent, la pâte est vigoureuse et les détails anecdotiques savoureux »[53].

    Comme l'observe Jacques Goijen, la peinture de Philippet se transforme au contact de l'Italie, passant d'une « facture grasse et savoureuse »[5] vers 1870 que l'on retrouve dans La Canzonetta et Le Charlatan vers un certain luminisme, qui ne diminue pourtant en rien la force expressive de son art[9],[46]. « Cette lutte entre le brun et le blanc, entre l'obscurité et la lumière »[17] se poursuit jusqu'a la fin de la vie de l'artiste, mais lui permet de créer une manière fort personnelle de peindre[9],[17].

    Jacques Parisse mentionne également ces deux composantes de la peinture de Philippet, mais se centre davantage sur l'évolution qu'a supposée l'arrivée du réalisme dans les arts plastiques et comment l'artiste l'incorpore dans ses « scènes romaines » :

    « S'attachant à peindre sous le ciel et la lumière d'Italie la comédie vraie de la vie, Léon Philippet bon dessinateur atteste que la peinture wallonne a aussi le sens de la couleur. S'il nous paraît aujourd'hui que le peintre s'est parfois donné bien de la peine pour conserver les souvenirs de scènes folkloriques (Carnaval romain) ou anecdotiques (La fête de la grand-mère) que capte mécaniquement l'appareil photographique, il faut nous souvenir de la peinture qui se faisait à l'époque. Léon Philippet, il y a plus d'une siècle, découvrait dans l'éblouissement de la lumière ce qu'était la vraie vie, celle qui ne prend pas la pose, qui ne vise pas à l'immortalité mais qui, au contraire, dans les riches et vives couleurs, éclate en cris joyeux ou en imprécations en drames ou en fêtes[28]. »

    La canzonetta (1870)

    La canzonetta, 1870 (Huile sur toile ; Inv. La Boverie no BA.WAL.05b.1922.2674 ; 75 × 137 cm), Liège, La Boverie.

    Œuvre acquise en 1922 par le Musée des Beaux-Arts de Liège au fils de l'artiste, Léon Philippet fils[54]. Gaëtane Warzée décrit dans le catalogue des collections du Musée des beaux-arts de Liége de 2018 cette curieuse représentation d'un concert improvisé dans une ruelle des quartiers populaires de Rome :

    « Ce concert de fortune au coin d'une rue est prétexte à montrer les personnages pittoresques qu'on croise dans l'Italie de la fin du XIXe siècle. Les zingari créent l'événement. Ces bohémiens chantent accompagnés d'une guitare et d'un violon, contant dans leur canzonetta l'histoire de deux amoureux comme l'indique le panonceau posé à leurs côtés. Un public bigarré leur prête l'oreille : hommes et femmes du peuple revenant du marchés, enfants, mendiants, jeune mère et son bébé sont arrêtés là. Seul à l'avant-plan, un moine franciscain tirant son âne traverse la composition sans se soucier des musiciens. ce qui n'est pas du goût du quadrupède, effrayé sans doute, qui renâcle à continuer sa route. Les visages des badauds représentés sont très individualisés[33]. »

    L'assassiné (1876)

    Tableau acquis en 1891 par les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique[55], dont il existe une esquisse peinte à La Boverie[56] et plusieurs dessins préparatoires conservés à l'administration communale de Seraing[57],[58],[59].

    Dans le catalogue des collections du Musée des beaux-arts de Liége de 2018, Gaëtane Warzée observe que la toile « représente l'agonie d'un homme poignardé en pleine rue » et qu'« auprès du corps s'agglutinent les femmes du voisinage, un gendarme venu constater le délit et un pénitent noir appelé sur les lieux pour assister le mourant »[33]. L'œuvre est typique de sa production de « scènes romaines », et dans le cas présent l'artiste y dépeint l'un de ces « faits divers sordides où disputes et rixes mènent parfois jusqu'au crime »[33].

    Michelina Gismondi (1876)

    Michelina Gismondi, 1876 (Huile sur toile ; Inv. La Boverie no BA.WAL.05b.1922.2653 ; 81,5 × 61,5 cm), Liège, La Boverie.

    Comme La canzonetta, la toile a été acquise en 1922 par le Musée des Beaux-Arts de Liège à Léon Philippet fils[60], et est considérée comme son chef-d’œuvre dans le genre artistique du portrait[27],[28]. Jacques Hendrick écrit d'ailleurs à son sujet : « [...] On évoque Édouard Manet, surtout, dans ses meilleures pages[27]. »

    Vu qu'il s'agit d'un portrait de l'épouse de l'artiste, Gaëtane Warzée fournit des bribes d'informations biographiques de Michelina Gismondi en plus de commentaires concernant l'œuvre elle-même :

    « La belle Michelina pose assise de trois-quarts, les bras croisés, le visage tourné vers le peintre. Léon Philippet l'a rencontrée à Rome où il a exécuté ce portrait ; c'est vraisemblablement là qu'il l'a épousée. [...] La jeune femme porte une robe claire au col plissé, sans doute son habit du dimanche. Sa lourde chevelure noire est retenue en arrière par un peigne de corail auquel fait écho la pendeloque accrochée à son oreille gauche. Le peintre a apporté un soin particulier à ce remarquable portrait, stimulé par la passion qu'il voue à sa jolie compagne. Celle-ci continuera à lui servir de modèle. [...] On perd sa trace ainsi que celles de ses enfants vers 1887, année durant laquelle l'artiste rentre au pays accompagné de son fils Léon[27]. »

    En 1975, Jacques Parisse se montrait déjà élogieux envers ce tableau : « L'admirable portrait de Michelina Gismondi (Musée de l'Art Wallon) est bien plus que le portrait d'une belle inconnue dont le peintre a voulu garder le souvenir. La beauté un peu vulgaire de ce visage aux yeux charbonneux, aux lèvres sensuelles... Cette jeune femme est la vie bien plus que le portrait des dames guindées, aux masques de cire, meubles pour salons obscurs et tristes que comettaient au temps de Philippet les peintres de genre[28]. »

    Carnaval à Rome (vers 1885) et La course des barberi (1885)

    Le Carnaval à Rome entre dans les collections du Musée des Beaux-Arts de Liège en 1926, grâce au legs de Jules Reuleaux en faveur de la ville[61]. Gaëtane Warzée dépeint d'abord l'ambiance de cet événement, qui est alors typique à Rome, et l'itinéraire qu'il y suit :

    « Jusqu'a la fin du XIXe siècle, le carnaval de Rome est l'un des plus réputés au monde. Organisé durant le mois de février, il fait l'objet de plusieurs manifestations. La plus importante se déroule dans le Corso, rue principale de Rome qui relie la Piazza del Popolo à la Piazza Venezia. On y croise une joyeuse cohue, des personnages masqués dont les pierrots et les polichinelles de la commedia dell'arte, mais aussi des femmes vêtues du costume traditionnel. Malheur à celui qui pour l'occasion sort coiffé de son haut de forme ! Un des jeux favoris des fêtards est de s'emparer du couvre-chef et de le piétiner. Les plus fortunés louent les balcons des palais bordant l'artère. Les dames s'y voient offrir des bouquets de fleurs attachés sur des piques de bois. La tradition veut aussi qu'on lance des confettis, petites billes de plâtre enfarinées qui pleuvent de toute part[33]. »

    Elle poursuit en commentant l'œuvre elle-même et la date possible de sa réalisation : « C'est un condensé de cette liesse populaire que nous donne à voir Léon Philippet. Cette œuvre à la palette éclatante pourrait avoir été peinte en 1885, année où il exécute un croquis sur le même sujet et surtout le tableau La course des barberi : une autre manifestation haute en couleur du carnaval romain pour laquelle on organisait un lâcher de chevaux à travers les rues[33]. »

    Œuvres décoratives

    Léon Philippet effectue divers travaux de décoration au cours de sa carrière artistique. Ils sont « peu nombreux »[62], majoritairement réalisés de 1874 à 1886, et produits « certainement à des fins alimentaires »[62], car la bourse de la fondation Darchis ne lui octroie plus de revenus depuis de 1872[16],[62].

    David Bronze mentionne plusieurs des commandes publiques que Philippet reçoit:

    • 1877 : Lors des célébrations du 300e anniversaire de la naissance de Rubens, il décore deux arcs de triomphe situés place de Meir et place de la Commune à Anvers[63].
    • 1880 : Lors des festivités du 50e anniversaire de l'Indépendance nationale, il réalise le tableau de grand format La Révolution belge de 1830[64] qui est l'un des 137 exposés en août par le Cercle artistique et littéraire de Bruxelles dans un hall situé au parc Léopold[65] ; l'ornementation de 4 frises allégoriques pour l'arc de triomphe situé porte de Schaerbeek[66] et 4 toiles décorant l'arc de triomphe situé place Royale[67].
    • 1885-1886 : Philippet réalise un avant-projet de décoration pour une salle du Palais du gouvernement provincial à Liège. Le projet est finalement confié à Émile Delperée qui l'exécute en 1890-1891[63].

    Panorama Rome prise par Garibaldi le 3 juin 1849 (1883)

    Il est le principal contributeur du panorama géant Rome prise par Garibaldi le 3 juin 1849 (1883)[6],[17],[50]. Sur commande de la Società Anonima Italiana dei Panorama, Philippet et plusieurs collaborateurs réalisent entre février et août 1883 cette toile circulaire, d'une hauteur de 15 mètres, qui couvre un périmètre de 120 mètres[68] et pèse plusieurs tonnes[62].

    Le panorama est d'abord exposé en 1883 dans dans une rotonde sur le Foro Bonaparte à Milan[68]. La rotonde a un diamètre de 40 mètres et un toit vitré qui permet un éclairage zénithal de la toile[69]. Par après, il voyage beaucoup, étant exposé en 1884 à Turin dans le cadre de l'Esposizione Generale Italiana, et en 1887 au Crystal Palace de Londres[70]. Des expositions à Gênes, Bruxelles, Vienne, Buenos Aires ainsi qu'au Chili et au Pérou sont également documentées[70]. Lorsque le panorama est transféré du Chili au Brésil, une maladie contagieuse se déclare à bord du navire[71]. Les « opérations de désinfection effectuées dans le bateau, la chaleur et l'humidité » détruisent la toile[62].

    Onze grandes photographies contemporaines de cette œuvre sont trouvées en 1967 au Museo Centrale del Risorgimento à Rome[72]. La reproduction photographique de la toile représente les batailles du 3 juin 1849 avec une telle précision que V.E. Giuntella pense d'abord que ces photographies ont été prises sur le champ de bataille en 1849, puis Piero Becchetti détermine qu'il s'agit d'un panorama photographique de Rome réalisé après 1862[73]. Ce n'est qu'en 1998 qu'Allessandro Cartocci établit que la photographie est en réalité du panorama peint par Léon Philippet[73].

    Les douze peintures à l'huile qui servent d'esquisses sont présentes dans les collections de la commune de Seraing[74]. Six d'entre elles, et donc la moitié du panorama, sont reproduites à continuation :

    • Rome prise par Garibaldi le 3 juin 1849 (panneau no 1), 1882-1883 (huile sur toile ; 140 × 98 cm ; photographie de 1991 de Jacques Declercq du KIK-IRPA), Seraing, administration communale.
      Rome prise par Garibaldi le (panneau no 1), 1882-1883 (huile sur toile ; 140 × 98 cm ; photographie de 1991 de Jacques Declercq du KIK-IRPA), Seraing, administration communale.
    • Rome prise par Garibaldi le 3 juin 1849 (panneau no 2), 1882-1883 (huile sur toile ; 140 × 98 cm ; photographie de 1991 de Jacques Declercq du KIK-IRPA), Seraing, administration communale.
      Rome prise par Garibaldi le (panneau no 2), 1882-1883 (huile sur toile ; 140 × 98 cm ; photographie de 1991 de Jacques Declercq du KIK-IRPA), Seraing, administration communale.
    • Rome prise par Garibaldi le 3 juin 1849 (panneau no 3), 1882-1883 (huile sur toile ; 140 × 98 cm ; photographie de 1991 de Jacques Declercq du KIK-IRPA), Seraing, administration communale.
      Rome prise par Garibaldi le (panneau no 3), 1882-1883 (huile sur toile ; 140 × 98 cm ; photographie de 1991 de Jacques Declercq du KIK-IRPA), Seraing, administration communale.
    • Rome prise par Garibaldi le 3 juin 1849 (panneau no 4), 1882-1883 (huile sur toile ; 140 × 98 cm ; photographie de 1991 de Jacques Declercq du KIK-IRPA), Seraing, administration communale.
      Rome prise par Garibaldi le (panneau no 4), 1882-1883 (huile sur toile ; 140 × 98 cm ; photographie de 1991 de Jacques Declercq du KIK-IRPA), Seraing, administration communale.
    • Rome prise par Garibaldi le 3 juin 1849 (panneau no 5), 1882-1883 (huile sur toile ; 140 × 98 cm ; photographie de 1991 de Jacques Declercq du KIK-IRPA), Seraing, administration communale.
      Rome prise par Garibaldi le (panneau no 5), 1882-1883 (huile sur toile ; 140 × 98 cm ; photographie de 1991 de Jacques Declercq du KIK-IRPA), Seraing, administration communale.
    • Rome prise par Garibaldi le 3 juin 1849 (panneau no 6), 1882-1883 (huile sur toile ; 140 × 98 cm ; photographie de 1991 de Jacques Declercq du KIK-IRPA), Seraing, administration communale.
      Rome prise par Garibaldi le (panneau no 6), 1882-1883 (huile sur toile ; 140 × 98 cm ; photographie de 1991 de Jacques Declercq du KIK-IRPA), Seraing, administration communale.

    Catalogue et musées

    Des œuvres de Léon Philippet sont présentes dans les collections de La Boverie[29],[75],[74],[76],[77], du Musée de la Vie wallonne[78], de l'université de Liège[74], de la commune de Seraing[74], du Conservatoire royal de Liège[74], de la commune de Verviers[50],[74], de la commune de Knokke-Heist (Le vainqueur du match) et des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique[50],[74],[55].

    Expositions

    Romain aux corbeilles, 1875 (huile sur toile ; 55 × 37 cm), collection privée.
    Portrait de Jean-Simon Renier, 1895 (huile sur toile ; 237 × 126 cm), Verviers, musées communaux.

    Il expose au Cercle royal des Beaux-Arts de Liège de 1887 à 1898[5],[6].

    • 1868 : Salon de la Société l'Union des artistes, Liège[15].
    • 1871 : Salon triennale de Gand, Gand[79].
    • 1882 : Belgian Exhibition of Contemporary Art, Pennsylvania Academy of the Fine Arts, Philadelphie[80].
    • 1887 : 1er Salon de l'Art indépendant, Anvers[81].
    • 1891 : Exposition des tableaux de M. Léon Philippet, Cercle artistique et littéraire de Bruxelles, Bruxelles[45].
    • 1903 : Rétrospective Léon Philippet, Société d'Émulation , Liège[9],[45].
    • 1926 : Rétrospective Léon Philippet, Cercle royal des Beaux-Arts, Liège[17].
    • 1931 : Portrait de la femme 1830-1930, du 31 octobre 1931 au 29 novembre, Cercle artistique et littéraire de Bruxelles, Bruxelles[82].
    • 1933 : Le Visage de Liège, du 23 septembre au 23 octobre, Palais des Beaux-Arts, Liège[83].
    • 1939 : Exposition de la gravure liégeoise, Musée des Beaux-Arts, Liège[84] ; Cent ans d'art wallon, Musée des Beaux-Arts, Liège[82].
    • 1952 : Salon 1952, du 4 octobre au 11 novembre, Musée des Beaux-Arts, Liège[84].
    • 1959 : XXXIIIe salon, Cercle artistique et littéraire de Charleroi, Charleroi[82].
    • 1964 : 125e anniversaire de l'Académie royale des Beaux‑Arts, du 11 avril au 10 mai, Musée des Beaux-Arts, Liège[82],[84].
    • 1966 : Hommage à de Witte Adrien, Donnay Auguste, Heintz Richard, Mataive Alphonse, Maréchal François, Philippet Léon, Rassenfosse Armand, du 3 au 14 janvier, Cercle royal des Beaux-Arts, Liège[84].
    • 1983 : La Représentation humaine dans les collections du Musée de l’Art wallon et de l’Evolution culturelle de la Wallonie, Musée de l'Art wallon, Liège[82].
    • 1984 : du 26 juin au 19 août, Cabinet des Estampes et des Dessins, Liège[84].
    • 1985 : Autoportraits, du 11 mai au 1er juin, Galerie l'A., Liège[84].
    • 1987 : Le Symbolisme - Le Réalisme, du 16 octobre au 10 janvier 1988, Centre Wallonie‑Bruxelles, Paris[84].
    • 1989 : Carte blanche à Jacques Parisse, 25 ans de critique d'Art, du 11 novembre au 10 décembre, Centre wallon d'art contemporain - La Châtaigneraie, Flémalle[84].
    • 1992 : Le Cercle royal des Beaux-Arts de Liège 1892-1992, du 18 septembre au 20 avril 1993, Cercle royal des Beaux-Arts, Liège (un dessin, Carnaval au Corso, et trois peintures, La canzonetta, La Dame en noir et Bourgmestre italien et sa femme, sont exposés)[85].
    • 1996 : 125 ans d'art liégeois - peinture, sculpture, gravure en province de Liège 1870‑1995, du 27 novembre au 31 janvier 1997, ING Espace Culturel, Liège[84].
    • 1997 : Choix de dessins par Jacques Parisse, du 22 mars au 20 avril, Galerie Liehrmann, Liège[84].
    • 2008 : Six Maîtres de la peinture liégeoise, du 20 juin au 15 septembre, Musée de l'ancienne abbaye de Stavelot, Stavelot[82].
    • 2011 : Ecole Liégeoise du Paysage, du 1er au 29 mai, Place Royale 41, Spa[86].
    • 2014 : Un siècle de peinture belge, rencontre de deux collections, du 5 septembre au 9 novembre, Salle Saint-Georges, Liège[82].

    Prix et distinctions

    Procida, 1868-1887 (Gouache ; 36 × 24,5 cm), Liège, musée de la Vie wallonne.

    Réception critique

    Malgré le rôle prépondérant qu'il joue dans la modernisation de la peinture liégeoise dans le dernier quart du XIXe siècle, Léon Philippet est, comme le dit Jules Bosmant dès 1930, « un maître, mais un maître incompris, et il n'y a pas longtemps que nous avons mesuré son rôle précurseur et la qualité de son exemple »[89].

    En 1975, Jacques Parisse ne peut que constater, dans un commentaire qui est toujours d'actualité et reprend plusieurs réflexions de Jules Bosmant[49],[89], que l'artiste reste bien méconnu : « Cet observateur implacable, ce dessinateur agile, ce coloriste vraiment latin fut raillé ou embrigadé par la critique étrangère dans les rangs des "vrais Flamands, épais, crus et carrés [...] qui tirent exclusivement la force et la beauté de leurs œuvres de la terre grasse des Flandres". On ne peut être plus bête ! Aujourd'hui encore, 70 ans après sa mort (1906), Léon Philippet est un peintre mal connu. Mais il a été le "père de la peinture liégeoise contemporaine"[28]. »

    Ce rôle de « rénovateur de la peinture liégeoise » allié à la maîtrise technique et la force expressive de son art sont aussi mis en avant par Jules Bosmant et Jacques Goijen :

    « [...] il nous convient d'inaugurer les temps nouveaux, ceux où la peinture liégeoise va retrouver quelque honneur, par Léon Philippet. Il en fut véritablement le restaurateur. C'est le premier de nos peintres que l'on puisse enfin comparer aux maîtres de jadis.[90] [...] Le Musée de Liège est riche en Philippet : 27 peintures à l'huile, puis des dessins, des lavis, des esquisses, permettent de se faire une idée complète et juste de ce beau talent, dont en son temps, sauf peut-être à Bruxelles et à l'étranger, on ne mesura pas toute la valeur novatrice.[34] [...] En vérité ce Wallon, formé à l'Académie de Liège, dont les maîtres d'élection furent Français et dont l'œuvre entier dédia à la campagne romaine et à ses habitants des tableaux clairs, personnels et définitifs, est trop magnifiquement, trop uniquement latin pour que nos cœurs émus ne le remercient pas des certitudes qu'il nous apporte[91] ! »

    — Jules Bosmant

    « James Ensor a toujours professé la plus vive admiration pour l'œuvre de Léon Philippet en le saluant comme le maître de la peinture de l'époque.[5] [...] Philippet peint à sa façon, réalisant une œuvre qui s'imposera à la postérité. Ce sont des œuvres hardies, gardant encore, à certains aspects, une allure révolutionnaire. Il a devancé son époque, il est le maître d'un art nouveau, en quoi, il est précurseur. Il possède un art puissamment expressif. Composition, expression, vie, Philippet en maître incontesté, surmonte avec aisance toutes les difficultés, la technique n'ayant plus de secret pour lui[17]. »

    — Jacques Goijen

    Notes et références

    1. (en) « Philippet, Jean Léon Modeste », sur Benezit Dictionary of Artists (consulté le ).
    2. a b c d e f g h et i Bronze 2003, p. 106.
    3. a et b openarchives, « Jean Léon Modeste Philippet, born on June 14, 1843 in Liège », sur openarch.nl.
    4. a et b (en) « Discover painter Léon Philippet », sur rkd.nl (consulté le ).
    5. a b c d e f g h i j k l m n o et p Goijen 2014, p. 496.
    6. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t et u Somville, Depouhon et Depouhon 1992, p. 79.
    7. Bronze 2003, p. 106-107.
    8. a b c et d Bronze 2003, p. 107.
    9. a b c d e f g h i j k l et m V. Coomans - Cardon de Lichtbuer 1995, p. PHILIPPET, Léon.
    10. a b c d e et f Piron 2003-2006, p. 285.
    11. Bronze 2003, p. 109.
    12. Bronze 2003, p. 109-110.
    13. a b c d e f et g Bronze 2003, p. 110.
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    15. a b c et d Bronze 2003, p. 111.
    16. a et b Rémon 2016, p. 105.
    17. a b c d e f g et h Goijen 2014, p. 497.
    18. a b et c Sikivie 1988, p. 240.
    19. a b et c Bronze 2003, p. 114.
    20. Bronze 2003, p. 113-114.
    21. a et b Bronze 2003, p. 113.
    22. Bronze 2003, p. 114-115.
    23. a et b Bronze 2003, p. 115.
    24. Bronze 2003, p. 115-116, 120.
    25. Bronze 2003, p. 121.
    26. La modèle de ce portrait est probablement la compagne de l'artiste, Michelina Gismondi.
    27. a b c d e f et g Warzée 2016, p. 155.
    28. a b c d et e Parisse 1975, p. 32.
    29. a b c d et e Warzée 2016, p. 154-155.
    30. a et b Bronze 2003, p. 117.
    31. a b c et d Bronze 2003, p. 118.
    32. Les deux musiciens dépeints dans cette toile présentent des similitudes physiques et vestimentaires avec ceux de l'œuvre La canzonetta de 1870.
    33. a b c d e et f Warzée 2018, p. 105.
    34. a b c d e et f Bosmant 1930, p. 145.
    35. Bronze 2003, p. 132.
    36. a b et c Bronze 2003, p. 134.
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    Annexes

    Bibliographie

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      • Gaëtane Warzée (rédaction de l'article), « Léon Philippet : L'assasiné - 1876, La Canzonetta - 1870, Carnaval à Rome - 1885 (?) », Catalogue du Musée des beaux-arts de Liége, op. cit.,‎ , p. 104-107. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
    • Liliane Sabatini, Le Musée de l'Art wallon, Bruxelles, Ministère de la Communauté française de Belgique et Crédit Communal de Belgique, , 128 p. (OCLC 231872025). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
    • Pierre Somville, Marie-Christine Depouhon et Gilbert Depouhon, Le Cercle royal des Beaux Arts de Liège 1892-1992, Bruxelles, Crédit Communal, , 128 p. (OCLC 35121530). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
    • Jacques Stiennon, Jean-Patrick Duchesne et Yves Randaxhe, de Roger de le Pasture à Paul Delvaux : cinq siècles de peinture en Wallonie, Bruxelles, Lefebvre & Gillet, , 335 p. (ISBN 9782871480167 et 287148-0168, OCLC 489961289). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
      • Emmanuelle Sikivie (rédaction de l'article), « Ombres et lumières de la ville », de Roger de le Pasture à Paul Delvaux : cinq siècles de peinture en Wallonie, op. cit.,‎ , p. 231-257. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

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